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Escroquerie à la convocation judiciaire pour pédopornographie : ce que l’on sait

Policiers et gendarmes ont procédé à l'interpellation en France et en Belgique de dix-huit personnes soupçonnées d'escroquerie. [PATRICK KOVARIK / AFP]

Dix-huit personnes ont été interpellées en France et en Belgique pour soupçon d'escroquerie à la fausse convocation judiciaire, lundi.

Vaste coup de filet réalisé par les forces de police et de gendarmerie. Ces dernières ont annoncé dans un communiqué, avoir interpellé lundi dix-huit personnes âgées entre 20 et 50 ans, en Île-de-France, à Nantes, au Mans, Toulouse, Sens (Yonne), Orléans et à Nice, pour soupçon d'escroquerie à la fausse convocation judiciaire.

Débutée en 2021, l'escroquerie consistait en une campagne d'hameçonnage (ou phishing), via des courriers écrits au nom de responsables de la gendarmerie ou de la police, de magistrats ou d'institutions comme Europol, accusant leur destinataire de pédopornographie via la consultation de sites internet illégaux.

Un préjudice d'au moins 3,5 millions d'euros

Il était alors demandé aux victimes de payer une «amende» pour éviter des poursuites judiciaires. Les enquêteurs ont établi que l'argent escroqué était généralement envoyé en Côte d'Ivoire et dans d'autres pays africains.

Le préjudice est évalué «a minima à 3,5 millions d'euros», a estimé auprès de l'AFP le commissaire Christophe Durand de l'Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC), organisme chargé de l'enquête, aux côtés des gendarmes de la section des recherches (SR) de Versailles, du ComCybergend et à la Brigade de recherches de Nice, avec l'appui de l'agence européenne de police judiciaire Europol.

150.000 signalements avaient été effectués sur la plate-forme Pharos en juin 2022 et près de 400 plaintes ont été déposées.

Six suicides en lien avec l'affaire

Parmi les victimes, six personnes se seraient donné la mort «potentiellement en lien avec cette escroquerie», a expliqué à l'AFP le colonel Thomas Andreu de la SR de Versailles, expliquant que les sommes versées par les victimes, souvent âgées d'une soixantaine d'années, vont de moins de 5.000 à plus de 150.000 euros.

«L'une des victimes a subi une double extorsion. Après un premier paiement à hauteur de 5.978 euros, les malfaiteurs lui ont demandé de payer à nouveau 7.480 euros. Se sentant impuissant et pris au piège, il s'est donné la mort», ont rapporté la police et la gendarmerie.

«Nous pensions que l'escroquerie était pilotée par une structure centrale. En fait, il s'est avéré qu'il s'agissait de plusieurs petites équipes, une dizaine, n'ayant pas de lien entre elles», a également expliqué le colonel Andreu, qui s'est félicité de «la coopération parfaite» entre les services pour parvenir à ce coup de filet.

À l'issue de leur garde à vue, quinze personnes ont été convoquées devant le tribunal correctionnel pour être jugées pour accès et maintien dans un système de données, escroquerie et blanchiment d'escroquerie en bande organisée, a indiqué le parquet de Paris. Selon TF1/LCI, les suspects seront jugés en janvier prochain au tribunal correctionnel de Paris, ils encourent une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans de prison et un million d'euros d'amende.

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