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«Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès» : un ancien policier raconte son obsession pour l’affaire

Romain Puértolas, romancier et scénariste, était l’invité de L’Heure des Pros ce lundi 22 janvier sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès, en démontant la thèse pourtant populaire du suicide du criminel : «Tout ce qu’il a fait à Nantes avant de partir a été fait dans l’optique de changer de vie».

Xavier Dupont de Ligonnès est-il toujours en vie ? C’est la question qui se pose, treize ans après la disparition de l’homme suspecté d'avoir tué toute sa famille, un soir d’avril 2011, dans la ville de Nantes (Loire-Atlantique). Pour y répondre, Romain Puértolas, romancier, scénariste, et ancien capitaine de police, a mené l’enquête et rédigé un roman sur l’affaire. Selon lui, l’homme serait toujours en vie, caché quelque part, ou décédé d’une mort naturelle. «Tout ce qu’il a fait à Nantes avant de partir a été fait dans l’optique de changer de vie», a-t-il déclaré dans L’Heure des Pros. 

«Il y a vraiment beaucoup de personnes qui disent : il est parti dans la forêt pour se suicider. C’est vraiment quelque chose que je ne comprends pas, parce que tout ce qu’il a fait à Nantes avant de partir a été fait dans l’optique de changer de vie, et surtout pour qu’on ne découvre pas les corps. C’est-à-dire qu’il fait tout pour ne pas attirer l’attention sur la maison. Il est persuadé qu’on ne découvrira pas les corps, c’est pour ça qu’il se balade, qu’il paye avec sa carte bleue, et qu’il ne prend aucune précaution sur le chemin de Nantes jusqu’à Roquebrune-sur-Argens», détaille le romancier. 

«C’est après ces trois jours qu’il disparaît d’un coup. Donc moi je parle évidemment beaucoup de son meilleur ami, qui est mort depuis, parce qu’on a eu une très grosse piste, cela reste un point d’interrogation que j’ai sur l’information judiciaire de l’époque», raconte Romain Puértolas. 

Quintuple meurtre non élucidé

L’affaire Dupont de Ligonnès, appelée aussi la «tuerie de Nantes», est un quintuple meurtre non élucidé survenu à Nantes (Loire-Atlantique) en France. Cinq membres de la famille Dupont de Ligonnès, la mère, Agnès, et ses quatre enfants Arthur, Thomas, Anne et Benoît, ainsi que leurs chiens, ont été assassinés entre le 3 et le 6 avril 2011. Leurs corps sont retrouvés le 21 avril 2011, dans leur maison nantaise. Le père de famille et principal suspect des assassinats, Xavier Dupont de Ligonnès, est vu pour la dernière fois le 15 avril 2011 à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var, et reste introuvable depuis cette date. 

Alors que les corps sans vie des victimes encore en pyjama ont été enfouis sous la terrasse de leur jardin, dans des sacs de jute recouverts de cristaux de chaux, Xavier Dupont de Ligonnès va justifier leur soudaine absence en expliquant à tous leurs proches qu'ils ont bénéficié d'un changement d'identité aux États-Unis, le père de famille étant un prétendu agent secret infiltré pour le compte des stups américains.

Avant de s’envoler, selon sa version, aux États-Unis avec femme et enfants, Xavier Dupont de Ligonnès avait laissé une lettre, dont les termes ont précipité les enquêteurs vers la découverte macabre des corps. «PS : inutile de s'occuper du portique et de la pirogue qui resteront là (ni des gravats et autres bazars entassés sous la terrasse, au fond du jardin et dans la cave : c'était là quand nous sommes arrivés ici)». 

L'ami soupçonné d'avoir aidé XDDL dans sa fuite

Selon les éléments de l’enquête, Xavier Dupont de Ligonnès se serait en réalité rendu de Nantes jusqu’à Roquebrune-sur-Argens, multipliant les achats et les petites courses dans la ville et ses environs, comme pour préparer ce que les enquêteurs pensent être un départ. Détails déjà révélés par l'enquête de Society, quelques jours plus tard, du 13 au 15 avril, Michel Rétif, un commercial héraultais ami de longue date de Xavier Dupont de Ligonnès, avait également entrepris un voyage de trois jours dans le Var au moment où son ami s'y trouvait. Il est soupçonné d'avoir aidé le criminel dans sa cavale et dans sa fuite. 

«On ne pouvait plus parler de coïncidences» écrit Romain Puértolas. D'autant que les portables des deux hommes avaient borné plusieurs fois au même endroit et dans le même créneau horaire, notamment le 14 avril au matin à Roquebrune-sur-Argens. La veille au soir, Michel Rétif avait dîné à Cogolin avec un pilote d'avion membre de l'aéroclub de Fayence-Tourrettes, situé à 30 km de là. Encore une troublante coïncidence. 

Lorsque les enquêteurs feront ce rapprochement, ils mettront en place une surveillance devant le domicile de Michel Rétif, le 25 avril, soit dix jours après la dernière apparition connue de Xavier Dupont de Ligonnès. Lors de son audition par la PJ de Montpellier, Romain Puértolas révèle encore que Michel Rétif mentira à plusieurs reprises. Il plaidera la coïncidence pour les bornages proches des portables avec son ami et assurera ne pas l'avoir revu.

Les enquêteurs, eux, ne chercheront visiblement pas à creuser cette piste davantage. Michel Rétif s'est finalement suicidé en 2018, officiellement en raison des souffrances d'une maladie incurable, et Xavier Dupont de Ligonnès reste, à ce jour, introuvable, malgré plusieurs pistes, et une fausse arrestation en 2019 à Glasgow.

«Je pense que Xavier est toujours vivant. Il n'aurait eu aucun intérêt à planifier ce scénario pour aller mourir dans le Var ou ailleurs. C'est quelqu'un qui est discret et charismatique, qui peut changer d'apparence et parler plusieurs langues sans accent. Il a très bien pu partir à l'étranger», conclut le romancier. 

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