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Colère des agriculteurs : où en est la situation ?

Faute de réponse du gouvernement, la FNSEA annonce des actions qui vont se mener à nouveau, plutôt à destination des grandes surfaces. [REUTERS/Yves Herman]

Face aux atermoiements du gouvernement quant à la mise en place de certaines mesures promises, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a annoncé la reprise des mouvements de contestation. Les agriculteurs sont «prêts à repartir à l'action», a-t-il déclaré ce mardi.

Alors que les agriculteurs ont stoppé les blocages, la colère du monde agricole ne semble pas s’être totalement apaisée malgré les mesures promises par le Premier ministre, Gabriel Attal, ces dernières semaines. À cet égard, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a invité le gouvernement à honorer ses promesses dans les plus brefs délais, s’il ne souhaite pas voir la reprise des mouvements de contestation. 

«Les agriculteurs n'ont jamais désarmé. Tout le monde a dit : on est prêt à repartir si le travail réalisé n'est pas au niveau des attentes, qui sont très fortes», a déclaré Arnaud Rousseau sur TF1, à quelques heures d'une réunion avec Gabriel Attal à Matignon. «L’intérêt de cette rencontre avec le Premier ministre, c'est de pouvoir faire le point, de travailler à des mesures très concrètes, puisqu'on est à mi-chemin, après l'annonce de mesures d'urgence et avant le Salon de l'agriculture qui aura lieu dans onze jours», a affirmé le céréalier.

Des mesures insuffisantes

Neuf jours après son arrivée à Matignon, Gabriel Attal se trouvait déjà face à sa première grande crise, et non des moindres, puisque le Premier ministre s’est frotté à la colère des agriculteurs, qui ont manifesté partout en France. Pendant plus de trois semaines, ils ont dénoncé, entre autres, leurs conditions de travail et une concurrence déloyale au sein de l’Union européenne, et ce, jusqu’à entamer le «siège de Paris» à coups de blocages d’autoroutes.

Malgré une ribambelle de promesses et une communication soignée, le Premier ministre a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour apaiser les esprits et convaincre une partie des agriculteurs. Pour y parvenir, il a notamment mis plus de 400 millions d'euros sur la table pour mettre en pause un plan sur les pesticides, renoncer à la hausse du prix du gazole non-routier (GNR) et lancer des batailles contre les normes environnementales et le Mercosur. Pas suffisant, pour de nombreux agriculteurs qui, s’ils sont rentrés sur leurs exploitations, attendent toujours le passage des paroles aux actes, de la part du Premier ministre. 

Des actions contre les grandes surfaces

Interrogé sur la suite des événements et sur les négociations en cours après les annonces du gouvernement, Arnaud Rousseau s’est ouvertement plaint d’un manque de lisibilité sur le calendrier de l’exécutif, qui avait pourtant promis des actions concrètes et rapides en faveur du monde agricole. Le président de la FNSEA a également rappelé l'impatience du secteur sur certains sujets très précis, et évoqué la reprise des mouvements de contestation, avec en point de mire la tenue du Salon de l'Agriculture qui se déroulera du 24 février au 3 mars prochain, porte de Versailles, à Paris. 

«On veut voir ce qui change dans nos fermes. Quand le gouvernement nous dit on va travailler sur un grand plan élevage d'ici le salon et qu'à 15 jours, on n'a pas de nouvelles... Si d'ici 10 jours il ne devait pas y avoir ce travail de fond, ce changement de logiciel, on serait prêts à repartir à l'action», a-t-il insisté.

«Nous avons des actions qui vont se mener à nouveau, plutôt à destination des grandes surfaces. Il n'y aura pas de mouvement national pour le moment. Le monde agricole ne menace pas, je prône l'esprit de responsabilité. Tout le monde veut que ça marche. On ne veut pas faire du Salon de l'Agriculture un moment de tension et de violences. Le président est très conscient qu'on a besoin de réponses d'ici là. On fera en sorte d'avoir le salon le plus apaisé possible. On ne va pas lâcher sur nos ambitions d'ici le salon» a-t-il indiqué. 

Un «signal fort» et un «cadre européen»

Concrètement, le président de la FNSEA réclame que le gouvernement passe de la parole aux actes sur tous les sujets évoqués lors des négociations. «Nous ne sommes pas sur le bon tempo. Sur le plan environnemental, déjà, la réalité concrète c'est que le curage n'est pas fait comme il faut», a-t-il précisé. Sur l'utilisation des pesticides et le plan écophyto, le patron de la FNSEA regrette que les efforts consentis «ne soient pas récompensés à leur juste valeur», notamment sur les produits dangereux. «On est passé de 5.000 tonnes de produits utilisés en 2009 à 47 tonnes en 2024. Ce qu'on souhaite, c'est utiliser l'indicateur européen, car il montre les efforts consentis. Il faut créer une dynamique», a-t-il réclamé.

À moins de deux semaines du Salon International de l'Agriculture, Arnaud Rousseau demande «un signal fort» de la part du gouvernement et de l’Europe, notamment sur la création d'«un cadre européen qui profite à la France face à l'importation massive», mais aussi «sur le déclaratif et le zonage» ou encore «la jachère», qui est une «décision très attendue», et ce avant l’ouverture du salon.

«On a aussi besoin, avant les élections européennes, de rouvrir des sujets comme la PAC. Des thématiques qui prendront plus de temps» a par ailleurs indiqué Arnaud Rousseau. En attendant, l’ampleur des actions menées par le monde agricole devrait se préciser dans les prochains jours.

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