Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s'est rendu à Arras (Pas-de-Calais) ce lundi 19 février, pour y décorer des membres de la police nationale intervenus lors de l’attentat du 13 octobre dernier, lors duquel Dominique Bernard, professeur de Lettres, avait été tué.
Les «héros d'Arras», selon Gérald Darmanin. Ce lundi 19 février, le ministre de l'Intérieur a distingué, les neuf policiers intervenus «au péril de leur vie» pour maîtriser un jeune radicalisé qui venait de tuer le professeur de Lettres Dominique Bernard, le 13 octobre 2023, au lycée Gambetta.
Lors d'une cérémonie qui s’est tenue dans la cour de la préfecture de la ville en présence de leurs familles, le ministre leur a remis la «médaille du courage et du dévouement», élevant six d'entre eux au rang de chevalier de la Légion d'honneur. C’est ainsi qu’ont été récompensés brigadier-chef, gardiens de la paix, ou encore adjoint de police, vêtus d’un uniforme blanc.
«Vous avez neutralisé le terroriste, vous avez empêché que l'assassinat ne se transforme en tuerie, vous avez protégé et secouru au péril de votre vie des enseignants, des agents, des enfants», leur a ainsi dit le ministre.
Une intervention en quatre minutes
Celui-ci est également revenu sur ce tragique matin du 13 octobre 2023. À 11h, «Le 17 reçoit un appel apeuré évoquant un terroriste qui s'est introduit au lycée Gambetta» et «qui évoque des victimes, des couteaux, un meurtrier toujours dans la cour», a ainsi rappelé le locataire de la place Beauvau. Dans cet assaut, Dominique Bernard, professeur de Lettres, sera tué, tandis que trois autres personnes seront blessées.
A 11h04, «deux équipages de police secours et un groupe de police de proximité arrivent. Le terroriste se rue sur les policiers, hurlant sa haine, brandissant les lames», a poursuivi Gérald Darmanin, détaillant que, maîtrisé après deux tirs de pistolet à impulsion électrique, il est menotté et qu’il «est 11h09 lorsque celui-ci est mis en garde à vue».
«La barbarie islamiste»
«Un enseignant est mort, il y a des blessés, du sang, des jeunes terrorisés, des cris, des pleurs, une ville dans le deuil, une nation touchée», a rappelé Gérald Darmanin, évoquant «la barbarie islamiste».
Pour le brigadier-chef David Buzyn, l'un des policiers fait chevalier de la Légion d'honneur, «ce n'est pas évident de recevoir tous les mérites après ce qu'il s'est passé le jour du drame, mais nous l'acceptons, nous en sommes fiers». Cinq mois après l'attentat, il se dit marqué avec ses collègues par «le décor de ce qu'ils ont découvert quand ils sont rentrés dans le lycée, le sang, les blessés».
Pour rappel, le 13 octobre dernier, Mohammed Mogouchkov, un jeune homme de 20 ans d’origine tchétchène, connu des services de police pour ses liens avec l’islam radical, pénétrait dans le lycée Gambetta, armé d’un couteau. Mis en examen et écroué par un juge d'instruction antiterroriste quatre jours après l'attaque, il avait revendiquée cette dernière au nom de l'organisation État islamique (EI).
La colère de Gérald Darmanin
«Dominique Bernard était professeur de français, c'est l'une des matières où on transmet la passion, l'amour, l'attachement du système en général de la République, de la démocratie, des droits de l'Homme», affirmait l’assaillant à la juge d'instruction, le 10 novembre, pour motiver son geste.
À la suite de cet attentat, Gérald Darmanin avait déjà rendu hommage aux victimes et aux forces de l’ordre, tout en demandant aux parlementaires de lui «donner les outils» afin d’expulser systématiquement tous les étrangers considérés comme dangereux.
La mort de Dominique Bernard avait suscité une importante vague d’émoi en France, avec des rassemblements organisés dans tout l’Hexagone le 15 octobre dernier. À Arras, Frédéric Leturque, maire de la ville, avait dénoncé un «acte terroriste barbare», lors d’un hommage émouvant rendu au professeur.