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Paris Games Week : comment l’e-sport est devenu incontournable dans le monde des jeux vidéos français

Le public est de plus en plus nombreux à venir assister aux rencontres d'e-sport. [© B.GUAY/AFP]

La Paris Games Week 2023 s’installe dans la capitale pendant cinq jours. Cette année, le rendez-vous marque tout particulièrement l'avènement définitif de l’e-sport. Comment ce secteur de niche a su trouver sa place, au-delà même de l'univers du jeux vidéo ?

L'un des plus grand salons de jeux vidéo au monde est de retour à Paris Expo Porte de Versailles. La Paris Games Week 2023 rouvre ses portes jusqu'au 5 novembre 2023 dans la capitale et attend 200.000 visiteurs. Une prévision ambitieuse, alors que l'affluence d'avant-covid gravitait autour de 300.000 fans.

Cette année, l'e-sport fait partie des priorités du salon et le secteur est mis en avant par l'organisation. La scène PGWxFnac, qui accueille des manches et finales de compétitions nationales et internationales, comporte 1800 places assises, au lieu des 800 prévues l'année dernière. Cette initiative est le résultat d'un cheminement qui a mis plusieurs années à faire sa place dans l'Hexagone.

Le secteur du jeu vidéo en plein essor, y compris dans les clubs

Il faut dire que monde vidéoludique n'a jamais autant fédéré. Dans des données recueillies par Médiamétrie pour le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs, 72% des Français se déclarent joueurs de jeux vidéo. Parmi eux, nombreux se sont inscrits dans l'un des 1500 clubs locaux d'e-sport.

Cette densité d'associations d'e-sport n'a jamais été aussi forte sur l'ensemble du territoire. Une extension qui a été enclenchée par le succès des équipes internationales. La France compte une dizaine de «top teams» qui brillent régulièrement, remportant des victoires prestigieuses sur la scène internationale, et offr.

Cette vitrine internationale a permis aux acteurs du secteur de s'ouvrir à tous en rencontrant rapidement le succès.

Pour attirer de nouveaux fans, le nombre de salons s'est multiplié. Rien qu'en France, le Play Azure Festival de Nice ou encore le Colmar Esport Show, sont récemment nés pour éviter tout retard face à une concurrence internationale exacerbée sur ce secteur.

À la Paris Games Week, plusieurs dispositifs ont été imaginés pour intéresser le grand public. Depuis l'ouverture du salon, quelques streamers, principalement sur la plate-forme Twitch, visitent les stands en direct. L'association Respect Zone a choisi de mettre en place un atelier sur le thème de la haine en ligne, en direct du plus grand salon français.

Une volonté de s'adresser à tous

D'autres associations telles que Women in Games ou Afrogameuses militent pour une meilleure représentation des minorités dans l’industrie, comme dans leurs jeux. En parallèle, la représentation vidéoludique évolue, avec l’émergence de personnages comme Aloy, héroïne lesbienne du jeu AAA Horizon Forbidden West (PlayStation), ou la mise en avant de joueuses professionnelles de football dans le simulateur sportif EA Sports FC 24 (Electronic Arts).

À la Paris Games Week, la nouveauté provient des compétitions. Le 31 octobre s'est déroulée la Coupe des Étoiles, première compétition féminine officielle organisée en France sur League of Legends. «Nous sommes au point de départ d’un monde de l’e-sport plus inclusif», explique Cosmic, joueuse professionnelle de League of Legends.

Karmine Corp, un modèle pour l'avenir ? 

Pour bâtir une popularité solide, les grands acteurs français de l'e-sport ont dû sortir le grand jeu. L'organisation de grands évènements a contribué à élargir l'audience ces dernières années : la finale des Mondiaux de League of Legends devant 15.000 spectateurs en novembre 2019 à Bercy, la finale du Major de Counter-Strike en mai dernier devant 12.000 fans ou encore la KCX3, où l'équipe française Karmine Corp a organisé sa grande communion à La Défense avec 30.000 afficionados.

Cette même équipe, fondée en 2020 par Prime et Kameto, stars de Twitch et de YouTube, a d'ailleurs annoncé durant la soirée d'ouverture du salon parisien la création d'un stade à Evry-Courcouronnes (Essonne), à l’horizon 2024. 

La Karmine Corp va devenir le premier club e-sport européen à intégrer une salle en tant que club résident. Situé à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, le stade pourra contenir jusqu’à 3000 personnes et devrait proposer jusqu’à 25 événements par an liés à l'équipe.

«Ce que l'on veut maintenant, c'est passer à la vitesse supérieure, être dans un modèle proche du sport traditionnel et être résident d'une arène pour créer des événements réguliers», a détaillé le directeur général de l'équipe, Arthur Perticoz, à l'AFP.

Entre l'esport et le sport, il n'y a qu'un pas

Cette volonté de rapprochement entre le sport et l'e-sport a déjà été perçu par des fédérations sportives : la Fédération française de basket-ball (FFBB) a lancé son propre programme pour encourager la pratique de l’e-sport, et même créé sa propre marque «FFBB Esports», un modèle précurseur qui démontre depuis 2020 les synergies possibles entre ces deux mondes.

Le jeu vidéo devient aussi un outil d'entraînement. «Des simulateurs ultraréalistes comme le jeu Assetto Corsa, utilisé par les coureurs automobiles pour s’entraîner, ou des expériences comme le ping VR, qui permet d’améliorer sa pratique du tennis de table grâce à la réalité virtuelle, sont des exemples concrets», explique Nicolas Vignolles, délégué général du Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs.

Quand la politique s'en mêle

La France est l'un des premiers pays à vouloir miser autant sur l'e-sport. À vrai dire, l'organisation des Jeux Olympiques n'y est pas pour rien. La réception en l’honneur de l’e-sport à l’Élysée en 2022, en présence du président Emmanuel Macron, et la récente visite des ministres du Numérique et de l’Économie à la Paris Games Week, témoignent de l'attrait du secteur.

« 5,5 milliards d'€ de chiffre d’affaires en 2022 et plus de 15 000 emplois. Le secteur du jeu vidéo est une vraie force économique pour notre pays», a écrit Bruno Le Maire sur X (Twitter).

L'e-sport et son avenir incertain

Selon l'association France Esports, «l’estimation quantitative à l’horizon 2030 du secteur de l’e-sport est particulièrement ardue, notamment en raison de sa relative nouveauté. Les acteurs du marché sont actuellement confrontés à des défis importants, rendant extrêmement difficiles des projections à 10 ans».

Pour renforcer la solidité du secteur de l'e-sport français, la France s’est positionnée pour accueillir l’Olympic Esport Week à l’automne 2024, en marge des Jeux olympiques.

«Le CIO a accueilli favorablement cete candidature, mais la décision n'est pas encore actée à ce jour», confie le délégué général du Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs. Une décision qui pourrait être décisive pour assurer la pérennité de l'e-sport.

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