En direct
A suivre

Tunisie : le gouvernement durcit le ton face aux salafistes

La police tunisienne lors de heurts avec des salafistes à Ettadhamen, à l'ouest de Tunis, le 19 mai 2013 [Khalil / AFP] La police tunisienne lors de heurts avec des salafistes à Ettadhamen, à l'ouest de Tunis, le 19 mai 2013 [Khalil / AFP]

Le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda semblait lever l'ambiguïté en se disant déterminé à lutter contre la mouvance jihadiste désormais qualifiée de "terroriste", tandis que le calme était revenu lundi à Tunis après des heurts entre policiers et salafistes.

Le Premier ministre Ali Larayedh, en déplacement au Qatar, a indiqué à l'AFP qu'environ 200 personnes avaient été arrêtées.

"Nous allons faire face (aux salafistes jihadistes) avec une extrême fermeté, mais dans le cadre de la loi. Nous serons inflexibles", a déclaré M. Larayedh au journal arabe Al-Hayat.

Ce cadre d'Ennahda avait aussi tenu dimanche un discours très ferme à l'égard du mouvement salafiste Ansar Ashariaa, partie prenante des heurts de dimanche, dénonçant pour la première fois son implication dans le "terrorisme".

Le Premier ministre tunisien Ali Larayedh, le 12 mars 2013 à Tunis [Fethi Belaid / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Le Premier ministre tunisien Ali Larayedh, le 12 mars 2013 à Tunis
 

Le parti islamiste au pouvoir en Tunisie a longtemps entretenu des relations ambiguës avec les jihadistes malgré l'essor de ces groupes violents depuis la révolution de janvier 2011.

Confronté à des bandes armées liées à Al-Qaïda à la frontière algérienne et aux menaces de "guerre" formulées la semaine dernière par Ansar Ashariaa, le gouvernement avait déjà réagi en interdisant le congrès dimanche de ce mouvement à Kairouan (centre).

Les violents heurts à Tunis ont éclaté lorsque ce groupe a appelé ses partisans à organiser ce rassemblement à la cité Ettadhamen, près de Tunis.

Les affrontements de dimanche ont fait, d'après le ministère de l'Intérieur, un mort parmi les manifestants et 18 blessés dont quinze policiers. Selon le mouvement salafiste Ansar Ashariaa et une source policière interrogée par l'AFP, une deuxième personne a été tuée.

Aucun incident n'a eu lieu lundi.

La police tunisienne tire des gaz lacrymogènes lors de heurts avec des salafistes, le 19 mai 2013 à Ettadhamen, à l'ouest de Tunis [Khalil / AFP]
Photo
ci-dessus
La police tunisienne tire des gaz lacrymogènes lors de heurts avec des salafistes, le 19 mai 2013 à Ettadhamen, à l'ouest de Tunis
 

Des responsables de l'opposition laïque d'ordinaire très critique d'Ennahda ont salué la fermeté du gouvernement.

"Le Parti républicain (PR)salue la décision du ministère de l'Intérieur d'imposer le respect de la loi et de l'Etat", a déclaré Issam Chebbi, numéro 2 du PR, appelant par ailleurs à une "stratégie nationale pour faire face à l'intégrisme et au terrorisme".

De leur côté, des analystes soulignent que les propos de M. Larayedh peuvent signifier un tournant.

"C'est un changement de discours. Jamais Larayedh n'avait utilisé ce terme pour Ansar (...) réservant le mot de terroriste aux groupes" armés traqués à la frontière algérienne, note Michael Ayari du International Crisis Group à Tunis.

Il reste cependant à voir si ces propos seront suivis d'actes, M. Ayari rappelant que les autorités avaient arrêté des dizaines de militants salafistes après l'attaque de l'ambassade américaine en septembre 2012 à Tunis mais que l'écrasante majorité avait été libérée quelques mois plus tard.

"On ne peut pas dire encore que la politique a changé, que (les déclarations) marquent un point de non retour et que les militants d'Ansar Ashariaa vont être arrêtés désormais pour leur appartenance à l'organisation, pour leur identité politique", relève-t-il.

Néanmoins, dans les rangs des forces de l'ordre, dont les syndicats se plaignaient fin avril et début mai de l'absence de directives claires pour lutter contre les jihadistes, on se satisfait des ordres reçus dimanche.

"L'administration a cette fois-ci été claire, et elle nous a fourni les moyens nécessaires", a dit à l'AFP Sami Gnaoui du syndicat de la Garde nationale, l'équivalent de la gendarmerie.

Le chef du mouvement, Abou Iyadh, un vétéran d'Al-Qaïda en Afghanistan recherché par la police depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis, n'a pour sa part pas donné de signe de repli.

 
 

"Vous avez montré au monde entier que vos efforts ne peuvent être vaincus malgré la persécution de vos chefs", y dit cet homme lié à l'attentat qui a tué le commandant Massoud, chef de la résistance aux talibans afghans, deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001.

Abou Iyadh remercie aussi avec ironie le pouvoir: "Notre religion nous a appris à remercier les méritants, et vous les tyrans êtes le mieux placés pour être remerciés car vous avez commis tant de bêtises qui ont permis la propagation de notre prédication sans qu'on ait besoin d'en faire la publicité".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités