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Un auteur présumé de l'attentat d'Omagh arrêté

Un officier de la Royal Ulster Constabulary dépose des fleurs près du site de l'attentat d'Omagh le 17 avril 1998 [Paul Vicente / AFP/Archives] Un officier de la Royal Ulster Constabulary dépose des fleurs près du site de l'attentat d'Omagh le 17 avril 1998 [Paul Vicente / AFP/Archives]

Seize ans après l'attentat d'Omagh, le plus meurtrier du conflit nord-irlandais, un suspect apparenté à un groupe républicain dissident de l'IRA a brièvement comparu devant un tribunal vendredi, sous les yeux des familles engagées dans un long combat contre l'impunité.

Seamus Daly, membre présumé du groupe IRA-véritable, a été maintenu en détention à l'issue d'une comparution de nature à satisfaire ceux qui s'inquiètent que le retour à la paix, célébré cette semaine encore avec une visite historique du président irlandais à Londres, ne mette un terme à l'action de la justice.

Vêtu d'un jean et d'un sweat à capuche, ce patron de pub et maçon de 43 ans ne s'est pas exprimé au cours de cette audience d'une demi-heure devant le tribunal de Dungannon, protégé par des policiers en armes.

Il a été arrêté lundi à Newry, alors qu'il accompagnait sa femme enceinte à la maternité. Il a été inculpé jeudi pour le meurtre des 29 personnes au cours de l'attentat à la voiture piégée d'Omagh du 15 août 1998, commis quatre mois après la signature des accords de paix dits du Vendredi saint.

Revendiqué trois jours plus tard par l'IRA-véritable, cet attentat avait notamment coûté la vie à une femme enceinte de jumeaux et à deux touristes espagnols.

Immédiatement condamné par tous les partis politiques d'Irlande, y compris le Sinn Féin, l'aile politique de l'IRA, qui observait un cessez-le-feu depuis 1997, le carnage a été à l'origine d'une union sacrée, cimentant l'accord de paix au lieu de saboter un processus encore bien fragile.

Des journalistes attendent devant le tribunal de Dungannon, en Irlande du Nord le 11 avril 2014, où le républicain Seamus Daly a comparu [Peter Muhly / AFP]
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Des journalistes attendent devant le tribunal de Dungannon, en Irlande du Nord le 11 avril 2014, où le républicain Seamus Daly a comparu
 

Mais les circonstances de l'attentat demeurent entourées de zones d'ombre. Les enquêteurs estiment que c'est parce que les auteurs n'ont pas trouvé de place de parking devant le tribunal d'Omagh, leur cible initiale, qu'ils ont garé la voiture piégée dans une rue commerçante, où elle a explosé au milieu des promeneurs un samedi après-midi d'été.

Deux appels anonymes avaient donné l'alerte quarante minutes plus tôt. Mais la police affirme que l'emplacement donné pour la bombe était erroné et que, cherchant à faire évacuer les passants, elle n'a fait que les concentrer vers le lieu du drame.

Les proches des victimes pensent que l'attaque aurait pu être évitée et déplorent un manque de communication au sein des forces de police.

La responsabilité de l'attentat n'a jamais été établie au pénal. Seamus Daly, qui a toujours démenti toute implication, a cependant été avec trois autres militants républicains (bien républicains), condamné au civil à verser 1,9 million d'euros de réparation aux familles des victimes en 2009.

- "Il nous faut la vérité" -

Les familles des victimes, qui n'ont toujours pas été indemnisées, ont continué à "faire pression sur la police ainsi que sur les gouvernements britannique et irlandais", selon les mots de Michael Gallagher, qui a perdu son fils Aiden dans l'attentat, pour que les responsables de la tragédie soient traduits devant un tribunal pénal.

"Il nous faut la vérité", a insisté ce père, présent à l'audience de vendredi avec sa fille.

La détermination des familles montre la difficulté à évacuer un passé douloureux. Sur le plan politique, beaucoup de progrès ont été faits depuis 1998, illustrés cette semaine encore par la visite d'Etat historique du président irlandais Michael D. Higgins en Grande-Bretagne.

Michael Gallagher, dont le fils Aidan a été tué lors de l'attentat d'Omagh, parle aux médias devant le tribunal de Dungannon le 11 avril 2014 [Peter Muhly / AFP]
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Michael Gallagher, dont le fils Aidan a été tué lors de l'attentat d'Omagh, parle aux médias devant le tribunal de Dungannon le 11 avril 2014
 

Mais les plaies restent profondes. Jeudi, alors que l'ancien haut responsable de l'IRA, Martin McGuinness, aujourd'hui vice-Premier ministre nord-irlandais, échangeait une poignée de main avec la reine Elizabeth II, Victor Baker, un autre père ayant perdu son fils dans l'attentat d'Omagh, protestait devant le château de Windsor avec la pancarte suivante : "Un terroriste en cravate blanche et queue de pie reste un terroriste. Martin McGuinness, il est temps de dire la vérité."

La soif de justice des familles s'oppose à ceux qui veulent aujourd'hui "tourner la page", en accordant l'immunité aux responsables d'attentats, qu'ils soient républicains ou unionistes.

Fin 2013, le procureur général d'Irlande du Nord, John Larkin, avait proposé d'arrêter les poursuites pour tous les crimes commis avant les accords de paix.

En février, un tribunal londonien a ravivé la polémique en accordant l'immunité au suspect numéro un d'un attentat de l'IRA à Hyde Park en 1982.

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