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Turquie : Erdogan défie l'Europe

Pour Recep Tayyip Erdogan, ce bras de fer est l’occasion de galvaniser sa base électorale ultranationaliste en dénonçant des «ennemis» étrangers. [ADEM ALTAN / AFP]

Face à l’interdiction de meetings en sa faveur, le dirigeant s’est lancé dans une guerre des nerfs et veut s’en servir pour galvaniser ses troupes.

«Madame Merkel, vous soutenez les terroristes.» La phrase, lâchée par le président Recep Tayyip Erdogan à la télévision lundi soir, est venue couronner une semaine d’escalade entre la Turquie et l’Europe.

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A l’origine de ces tensions, des meetings organisés par le gouvernement turc en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas et en France, pour tenter de convaincre la diaspora de voter «oui» lors du référendum du 16 avril sur la présidentialisation du régime. Cette réforme, que Recep Tayyip Erdogan a préféré soumettre au vote du peuple plutôt qu’à celui du Parlement, renforcerait considérablement les pouvoirs du chef de l’Etat. Un objectif en vue duquel le président turc semble prêt à franchir toutes les limites.

Des accusations de nazisme

Redoutant une importation des tensions internes à la société turque en Allemagne, où Ankara compte 3 millions de ressortissants, Berlin n’a jamais caché son appréhension à l’idée de rassemblements pro-Erdogan sur son territoire. Toutefois, ce sont des autorités municipales, et pas gouvernementales, qui ont finalement refusé les meetings, en invoquant des raisons sécuritaires. Des décisions qualifiées de «pratiques nazies» par l’homme fort d’Ankara. Le lendemain, une partie de la presse turque titrait sur le «retour d’Hitler» en Allemagne.

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Ces propos, condamnés par la communauté internationale, ont conduit les Pays-Bas à interdire à leur tour certains rassemblements. Les ministres de la Famille et des Affaires étrangères ont ainsi vu leurs meetings annulés, et le second, Mevlüt Cavusoglu, a même été empêché d’atterrir à Rotterdam samedi. Une fermeté qui s’explique en partie par la campagne très tendue aux Pays-Bas en vue des élections législatives de demain, avec une extrême droite en bonne position dans les sondages.

Dans ce contexte délétère, des affrontements ont éclaté entre des policiers et des manifestants pro-Erdogan. L’incident a surtout ulcéré les autorités turques. Après deux jours de vives tensions, celles-ci ont interdit hier soir l’accès du territoire à l’ambassadeur néerlandais et annoncé la suspension des discussions politiques entre les deux pays.

Galvaniser la base nationaliste

Pour Recep Tayyip Erdogan, ce bras de fer est l’occasion de galvaniser sa base électorale ultranationaliste en dénonçant des «ennemis» étrangers. Certains analystes y voient également un moyen de flatter le ressentiment anti-européen d’une partie de la population, déçue par la paralysie des négociations sur l’adhésion du pays à l’UE.

Quoi qu’il en soit, il s’agit pour le président d’engranger les voix qui pourraient lui manquer le 16 avril. Car les sondages sont particulièrement serrés : les médias pro-gouvernementaux placent le «oui» en tête, tandis que les journaux d’opposition donnent l’avantage au «non».

 

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