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Catalogne : les indépendantistes face au défi de former un gouvernement

Le président catalan destitué Carles Puigdemont donne une conférence de presse, le 22 décembre 2017 à Bruxelles [Emmanuel DUNAND / AFP] Le président catalan destitué Carles Puigdemont donne une conférence de presse, le 22 décembre 2017 à Bruxelles [Emmanuel DUNAND / AFP]

Forts de leur victoire aux élections régionales, les indépendantistes catalans devaient relever vendredi le défi de reprendre le pouvoir, alors que leurs dirigeants restent en exil ou en prison.

De Bruxelles où il s'est réfugié pour éviter l'arrestation, le président catalan Carles Puigdemont, destitué par Madrid mais conforté par les urnes, a proposé au chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy de le rencontrer "à Bruxelles ou dans n'importe quel autre lieu de l'Union européenne qui ne soit pas l’État espagnol pour des raisons évidentes".

Poursuivi pour "rébellion et sédition", il risque d'être arrêté s'il remet le pied en Espagne.

Il a également demandé à être entendu par les institutions européennes. "Je demande à la Commission européenne ou d'autres institutions d'écouter le peuple catalan, et pas seulement l’État espagnol", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, au siège du PP, le 22 décembre 2017 à Madrid [OSCAR DEL POZO / AFP]
Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, au siège du PP, le 22 décembre 2017 à Madrid

Dans son bras de fer avec Madrid, le dirigeant nationaliste cherche systématiquement à se placer sur le même plan que le chef du gouvernement espagnol et à être reconnu par la communauté internationale.

M. Rajoy devait s'exprimer à Madrid en début d'après-midi sur ce que le journal conservateur ABC a qualifié de "catastrophe électorale". Le porte-parole de son Parti Populaire (PP), Pablo Casado, a déjà averti : "quel que ce soit le nouveau gouvernement (catalan), il sait quelles sont les conséquences de ne pas appliquer les lois espagnoles".

Une façon de dire que le gouvernement n'hésiterait pas à recourir à nouveau à l'article 155 de la constitution, utilisé pour la première fois le 27 octobre pour destituer le gouvernement catalan et dissoudre le parlement qui venait de déclarer l'indépendance.

M. Puigdemont avait affirmé pendant la campagne qu'en cas de victoire il rétablirait le gouvernement destitué.

Elections en Catalogne [Cecilia SANCHEZ / AFP]
Elections en Catalogne

Mais bien que réélu, il ne pourrait exercer ses fonctions ni de député ni de président depuis une cellule. Au total, parmi les nouveaux députés indépendantistes, 18 sont inculpés, dont trois en prison et cinq en exil.

"Aucun sens hier, encore moins aujourd'hui"

Inès Arrimadas, chef de file de Ciudadanos en Catalogne et le leader du parti Albert Rivera (G) célèbrent le résultat des élections à Barcelone, le 21 décembre 2017 [Josep LAGO / AFP]
Inès Arrimadas, chef de file de Ciudadanos en Catalogne et le leader du parti Albert Rivera (G) célèbrent le résultat des élections à Barcelone, le 21 décembre 2017

 

"L'investiture d'un nouveau chef de gouvernement risque d'être un processus long et chaotique (et) le risque de nouvelles élections reste élevé", estime Antonio Barroso, analyste chez Teneo intelligence.

En effet si aucun gouvernement n'est formé à Barcelone avant la fin mars, de nouvelles élections devront être convoquées dans les deux mois qui suivront.

La victoire des indépendantistes, en sièges mais pas en voix, sera également limitée par le bon résultat du plus résolu des partis opposés à l'indépendance, Ciudadanos, qui est arrivé en tête avec 37 députés.

Inès Arrimadas, la tête de liste de Ciudadanos, a remporté un succès spectaculaire avec 1,1 million de voix. Son parti formé il y dix ans pour lutter contre le nationalisme catalan sera le plus fort au parlement régional.

Mais elle ne dispose pas d'alliés pour former un coalition de gouvernement. Les socialistes, opposés comme elle à l'indépendance n'ont que 17 sièges et le PP s'est effondré, tombant à 3 sièges contre 11 aux dernières élections en 2015.

"Il est désormais clair qu'ici, en Catalogne, il n'y a jamais eu de majorité en faveur d'une indépendance", a déclaré vendredi la députée de 36 ans. "Si ce processus (menant à une sécession unilatérale) n'avait aucun sens hier, il en a encore moins aujourd'hui".

La veille, elle avait promis de "continuer à lutter, y compris pour modifier une loi électorale qui donne plus de sièges à ceux qui ont moins de voix".

Les réalités de la situation en Catalogne, notamment les divisions internes au sein des indépendantistes qui promettent d'épineuses négociations, vont s'imposer aux vainqueurs de jeudi, estiment les experts.

Et la situation économique, alors que plus de 3.000 entreprises ont déjà déménagé leurs sièges sociaux dans d'autres provinces espagnoles et que le tourisme et les investissements sont en baisse, risque également de pâtir de la poursuite de l'incertitude politique dans laquelle reste plongée la Catalogne.

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