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#WoYeShi, le #MeToo chinois pour dénoncer le harcèlement sexuel

En Chine, une étude a révélé que 80% des femmes avaient été victimes de harcèlement sexuel.[PETER PARKS / AFP]

Dans le sillage du mouvement #MeToo, la colère contre la misogynie et les violences sexuelles augmente à Hanoï et Hong Kong, bien qu'elle soit encore refreinée.

Alors que l'affaire Weinstein a déferlé sur l’Amérique, l'Europe et d'autres parties de l'Asie, la Chine a fait preuve d’un quasi silence, révèle The Guardian.

Mais lentement, des voix se sont élevées pour dénoncer les agresseurs. Tout a commencé avec Luo Qianqian, une étudiante qui a raconté avoir été agressée par son directeur de thèse alors qu'elle étudiait à Pékin. «S'il vous plaît ne faites pas ça... Je suis toujours vierge», lui aurait-elle dit. Désormais trentenaire, Luo se souvient avoir fondu en larmes devant son professeur. Ce dernier, qui nie les faits, aurait cessé ses avances, mais plus tard, lui aurait touché la main en l'implorant de se taire. «J'étais trop terrifiée pour parler», se souvient-elle.

Le 1er janvier, la jeune femme a publié son expérience en ligne. «Il n'y a plus besoin d'avoir peur... nous devons nous lever courageusement et dire 'Non !'», a-t-elle écrit, exhortant les autres à s'exprimer en utilisant le hashtag #WoYeShi (équivalent de #MeToo).

Lentement, les femmes brisent le silence dans un pays où une étude a révélé que 80% d'entre elles avaient été victimes de harcèlement sexuel.

«Une menace potentielle»

Le combat est cependant loin d'être gagné. Hong Fincher, experte du mouvement féministe chinois,  soupçonne les autorités d'avoir ordonné aux médias contrôlés de la Chine d'éviter de couvrir la campagne #WoYeShi. «Le gouvernement chinois s'inquiète vraiment des bouleversements politiques en dehors de ses frontières, affectant sa propre population, et il ne fait aucun doute que le mouvement #MeToo est perçu par les autorités comme une menace potentielle», dit-elle.

Tout reste à venir

Hong Fincher, qui a écrit un livre intitulé «Betraying Big Brother» («Trahir Big Brother»), estime que les féministes chinoises s'attendent à ce que davantage de voix s'élèvent. Jusqu'à présent, «la plus infime pointe de l'iceberg» a été exposée : «Tous les militants qui travaillent sur ces questions -le viol, le harcèlement sexuel et la violence domestique- vous le diront», affirme la féministe.

Contester le harcèlement n'est pas sans risques en Chine. «C'est bien pour une femme ici et là de sortir et de parler de son expérience, explique Hong Fincher. Mais si l'une de ces femmes commençait à recevoir beaucoup d'attention soutenue sur les médias sociaux, je n'ai aucun doute que la police ou quelqu'un viendrait lui rendre visite.» 

The Guardian explique que depuis que Xi Jinping est devenu leader en 2012, une sévère répression des droits de l'homme s'est produite, entraînant même des militants modérés en prison. En 2015, cinq féministes ont été arrêtées après avoir distribué des autocollants sur le harcèlement sexuel dans les transports en commun. Malgré tout, les membres du mouvement #MeToo naissant de la Chine ont déclaré qu'ils continueraient à protester. «Si des gens comme moi ne brisent pas le silence, comment pouvez-vous vous attendre à ce que les autres le fassent ?», a déclaré Huang, ajoutant : «J'ai besoin de lancer l'alerte. Quelqu'un doit faire quelque chose.»

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