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Crise au Venezuela : ce qu'il faut savoir

Le président de l'Assemblée nationale et chef de l'opposition vénézuélienne, Juan Guaido, s'est autoproclamé, mercredi 23 janvier, président par intérim du pays au nez et à la barbe du dirigeant en place, Nicolas Maduro. Un coup de force retentissant qui plonge le Venezuela dans l'une des pires crises politiques de son histoire récente.

Comment en est-on arrivé là ?

Il y a encore quinze ans, le Venezuela, pays détenteur des plus grosses réserves de pétrole au monde, était le deuxième Etat le plus riche d'Amérique du sud, juste derrière le Brésil.

Le président de l'époque, Hugo Chavez, se sert alors de cette manne pour financer des programmes sociaux, ce qui le rend très populaire, surtout auprès des classes défavorisées.

Mais le 5 mars 2013, Hugo Chavez meurt des suites d'un cancer. Nicolas Maduro, son ancien ministre des Affaires étrangères, le remplace alors à la tête de l'Etat.

Si ce dernier entend continuer les politiques de son rédécesseur, il ne sera pourtant jamais aussi populaire que lui. La raison principale tenant au fait que le Venezuela a basé toute son économie sur le pétrole.

Or, la même année, les cours mondiaux de l'or noir chutent ce qui oblige les autorités à supprimer une grande partie des aides sociales, et leur fait perdre, du même coup, le soutien des classes populaires. 

Rapidement, c'est toute l'économie qui s'effondre et la monnaie ne vaut plus rien. Les pénuries alimentaires se généralisent et les manifestations monstres s'enchaînent.

Elles sont réprimées dans le sang par le pouvoir chaviste et, rien qu'en 2017, ce sont plus d'une centaine de personnes qui y perdent la vie.

La même année, l'inflation atteint des sommets. En 2017 elle est même la plus forte du monde à + 2.610 % et depuis, ce sont plus de 2 millions de Vénézuéliens qui ont été poussés à l'exil.

Nicolas Maduro est tout de même réélu en mai 2018, mais au terme d’un scrutin contesté et jugé illégitime par une grande partie de la communauté internationale.

Juan Guaido, l'homme providentiel d'une opposition muselée

Mais la donne change avec l'arrivée de Juan Guaido. Encore inconnu du grand public il y a à peine trois semaines, il devient le 5 janvier dernier, à seulement 35 ans, président de l’Assemblée nationale, la seule institution du pays aux mains de l’opposition.

Depuis 2015, celle-ci s'échine à tenter d’utiliser le pouvoir législatif pour renverser Nicolas Maduro. Mais elle en a été empêchée par l'exécutif qui a pris soin de mettre en place une Constituante, laquelle a peu à peu privé l'Assemblée nationale de toutes ses attributions, avec la complicité du Tribunal suprême.

Des conditions défavorables qui n'ont pourtant pas empêché Juan Guaido à habilement remobiliser les députés. Depuis son arrivée, l'Assemblée nationale a même réussi à reprendre la main en présentant notamment un projet de «loi d’amnistie» qui offre des garanties constitutionnelles aux militaires et aux civils «qui contribueraient au rétablissement de l’ordre constitutionnel au Venezuela». Un message clair adressé aux militaires, principaux soutien de Maduro.

Enfin, la date choisie par Guaido pour «sa prise de pouvoir» est tout sauf symbolique et fait référence au 23 janvier 1958, jour où le dictateur Marcos Perez Jimenez abandonnait le pouvoir.

l'armée pourrait lâcher maduro

Juan Guaido autoproclamé mercredi président par intérim du Venezuela, était immédiatement reconnu dans la foulée par les Etats­-Unis, le Canada et les principaux pays d’Amérique latine, en dehors du Mexique, et de Cuba.

De son côté, Nicolas Maduro a annoncé qu’il rompait ses relations diplomatiques avec les Etats­-Unis et compte sur l'appui de l'armée pour contrecarrer le soutien international apporté à son opposant.

Un soutien des militaires de plus en plus fragile au vu des nouvelles garanties offertes par l'Assemblée. Lundi, une quarantaine se sont rebellés dans la caserne de la garde nationale bolivarienne de Cotiza, un quartier populaire de Caracas, historiquement acquis au chavisme.

Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, les militaires ont même appelé la population à se soulever contre le gouvernement de Nicolas Maduro.

Si la rébellion a rapidement été contrôlée et les mutins détenus, rien ne dit qu'il ne s'agit d'un signe avant-coureur d'un prochain retournement de l'armée et donc d'une possible chute de Maduro.

En attendant, les foyers de protestation persistent dans plusieurs quartiers populaires de la capitale et les manifestations d'opposants et partisans au président socialiste se poursuivent et ont déjà fait au moins 16 morts.

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