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Crise en Catalogne : début mercredi de «longues» négociations entre Madrid et les indépendantistes

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez (à droite) a été reçu par le président de la Catalogne Quim Torra (à gauche) au siège du gouvernement régional à Barcelone le 6 février dernier. Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez (à gauche) a été reçu par le président de la Catalogne Quim Torra (à droite) au siège du gouvernement régional à Barcelone le 6 février dernier. [LLUIS GENE / AFP]

Une solution va-t-elle enfin pouvoir être trouvée à la crise en Catalogne ? C'est tout l'enjeu du processus de négociations qui démarre ce mercredi 26 février entre le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez et l'exécutif régional indépendantiste catalan. Cette première réunion marque le point de départ de discussions qui s'annoncent extrêmement difficiles.

Pedro Sanchez lui-même en est bien conscient. Après sa rencontre historique avec le président de l’exécutif régional catalan Quim Torra à Barcelone le 6 février dernier, il a prévenu que le dialogue allait être «long» et «complexe». En effet, les positions des deux camps sont très éloignées. Quim Torra exige notamment la tenue d'un référendum d'autodétermination de la Catalogne, ce dont Pedro Sanchez ne veut pas entendre parler.

Le dirigeant catalan réclame également «l'amnistie» des neuf indépendantistes condamnés à de lourdes peines de prison (de 9 à 13 ans d'emprisonnement) en octobre dernier, pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Un verdict qui avait entraîné de nombreuses manifestations dans la région, dont certaines avaient dégénéré en violences. Du côté du gouvernement socialiste espagnol, cette amnistie n'est pas à l'ordre du jour.

Malgré tout, Pedro Sanchez semble prêt à faire un pas vers les indépendantistes. Selon les médias espagnols, il pourrait accepter de modifier le Code pénal, afin de réduire les peines pour le délit de sédition, l'un des chefs d'accusation des neuf responsables catalans condamnés. Cette mesure pourrait leur permettre d'être libérés plus tôt. Lors de sa venue au siège du gouvernement régional à Barcelone le 6 février - la première pour un chef du gouvernement espagnol depuis douze ans -, Pedro Sanchez a par ailleurs présenté un «Agenda pour les retrouvailles», dans lequel il tente de répondre à certaines revendications historiques des indépendantistes, en matière d’infrastructures, de fiscalité ou encore de transfert de compétences.

Pedro Sanchez sous pression

Le dirigeant socialiste a en effet intérêt à ce que les négociations se concluent par un accord - qui devrait ensuite faire l'objet d'une consultation des Catalans. Après avoir consenti à la mise en place de cette «table ronde» réclamée par le parti indépendantiste Gauche républicaine de Catalogne (ERC) en échange de l'appui de cette formation à sa reconduction au pouvoir début janvier, il dépend une nouvelle fois de l'ERC pour le vote du budget de l'Etat. Le parti a en effet annoncé qu'il conditionnait son soutien à la progression du dialogue sur la crise catalane. En 2019, c'était justement l’impossibilité de faire adopter le budget qui avait conduit Pedro Sanchez à convoquer des élections législatives anticipées.

Mais l'ERC aussi joue gros dans ces négociations, en pleine période pré-électorale en Catalogne. Sa volonté de dialogue et d'apaisement avec Madrid, qui s'oppose à la désobéissance prônée par «Ensemble pour la Catalogne» (JxC), le parti séparatiste de centre-droit de Quim Torra et de l'ex-président catalan Carles Puigdemont, a fait voler en éclat la coalition au pouvoir qui liait les deux partis. Actant cette rupture, Quim Torra a annoncé fin janvier la tenue d'élections anticipées dans la région, à une date pour l'instant non définie. Les sondages prévoient une victoire de l'ERC, mais celle-ci pourrait être compromise si les négociations avec Madrid ne commençaient pas à porter leurs fruits. Et JxC est bien décidé à faire dérailler le processus.

Tout comme la droite et l'extrême droite espagnoles, qui accusent Pedro Sanchez d'être l'«otage» des séparatistes depuis son arrivée au pouvoir il y a un an et demi. «Ce que nous voyons à Barcelone, c'est un chef de gouvernement qui va faire des révérences (...) alors qu'il est reçu comme un visiteur étranger», a ainsi fustigé le chef du Parti Populaire (PP, droite), Pablo Casado, après la réception de Pedro Sanchez par Quim Torra à Barcelone le 6 février. Quant au parti de droite libérale Ciudadanos, il est allé jusqu'à accuser le socialiste d'avoir «humilié tous les Espagnols».

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