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Plusieurs centres antipoison américains enregistrent une hausse significative d'appels après les propos controversés de Donald Trump

Donald Trump avait suggéré l'utilisation du désinfectant comme traitement pour les patients touchés par le Covid-19, la maladie due au coronavirus. [MANDEL NGAN / AFP].

Il ne s'en est fallu que de quelques heures. Après les propos tenus par Donald Trump le 23 avril dernier lors d'un point presse, au cours duquel le président américain avait stupéfait son auditoire en suggérant «une injection de désinfectant» pour lutter contre le coronavirus, plusieurs centres antipoison américains ont enregistré une hausse du nombre de leurs appels.

Des paroles saugrenues qui ont conduit à plusieurs passages à l'acte insensés et sans doute désespérés. 

La gouverneur du Michigan, Gretchen Whitmer (démocrate) et son homologue du Maryland, le républicain Larry Hogan, ont ainsi été parmi les premiers à tirer la sonnette d'alarme en affirmant que les centres antipoison de leur Etat avaient vu leur nombre d'appels augmenter dès les jours qui ont suivi la déclaration controversée du président des Etats-Unis.

«S'il-vous-plaît, ne faîtes pas ça»

«Nous avons constaté une hausse d'appels significative et je veux dire ici, sans équivoque, que personne ne doit ingérer de désinfectant, que ce soit pour lutter contre le Covid-19 ou pour tout autre motif», a déclaré Gretchen Whitmer à l'émission politique «This Week», diffusée dimanche 26 avril sur la chaîne ABC News.

«Les habitants de ce pays écoutent la personne la plus puissante de la planète, que ses déclarations soient sérieuses ou non», a-t-elle également déploré. «S'il vous plaît, ne faites pas ça», a-t-elle ajouté.

Même son de cloche chez Larry Hogan qui, au cours de la même émission, a déclaré que les services d'urgence du Maryland, ont reçu «des centaines d'appels», pour obtenir des conseils sur les propos tenus spécifiquement par Donald Trump ce jour-là.

«ça envoie un mauvais message»

«Le président doit veiller à ce que ses messages soient factuels. La désinformation peut surgir rapidement et très simplement si on dit quelque-chose qui vous passe par la tête. Cela envoie un mauvais message», a ajouté le ténor républicain, connu pour osciller entre positions anti et pro-Trump suivant les sujets.

Dans ce contexte, et s'il y a bien un sujet qui fait consensus à l'heure actuelle parmi la classe politique américaine, c'est que, quel que soit son camp et quel que soit son niveau, chaque responsable politique appelle les Américains à se renseigner auprès des agences de santé officielles.

Des appels similaires, au bon sens et à l'intelligence individuelle qui d'ailleurs ne se sont pas limités aux seuls Etats du Maryland ou du Michigan puisque d'autres responsables, de New York ou encore de l'Illinois ont, eux aussi, dû multiplier les prises de parole pour dire à leurs concitoyens de ne pas ingérer de désinfectant ou de détergent.

Rien que dans la «grosse pomme», ce sont pas moins de trente New-Yorkais qui, d'après le quotidien New York Daily News ont ingéré ce type de produit, et ce dès les dix-huit premières heures qui ont suivi les déclarations du président Trump.

Dans un pays où aucune couverture sociale universelle n'existe, le cas d'un habitant de Chicago qui a entrepris de faire des bains de bouche à base de javel, allant mettre sa santé en danger, a également interpellé.

Des points presse plus espacés ?

De son côté, si le président américain est, depuis revenu sur ses paroles controversées pour assurer qu'il s'était exprimé «de façon sarcastique», face aux journalistes, il a de nouveau usé de son outil préféré, le réseau social Twitter pour indiquer, samedi 25 avril, que ses points presse quotidiens sur la pandémie de nouveau coronavirus ne méritaient pas, selon lui, qu’il y consacre du temps.

«A quoi sert d'avoir des conférences de presse à la Maison-Blanche quand les 'médias orientés' ne font que poser des questions hostiles et refusent ensuite de rapporter la vérité ou les faits de manière exacte», a écrit le président républicain. «Ils font des audiences record, et le peuple américain n'a rien d'autre que des Fake News. Ça ne vaut pas le temps et l'effort !», a-t-il écrit.

Des propos qui semblaient donc confirmer des informations de plusieurs médias américains selon lesquelles, mis à mal par les questions sur sa gestion de la crise sanitaire, envisagerait de cesser ses conférences de presse, retransmises sur la plupart des chaines, et qui peuvent parfois durer plus de deux heures.

Le souvenir de la chloroquine le mois dernier

Les prochains jours montreront si cette déclaration sera suivie d'effets. Tout comme le temps devrait montrer si ses «conseils» farfelus n'ont pas mené à des drames qu'il faudrait immanquablement déplorer.

Si ce dimanche 26 avril, la presse américaine ne faisait état d'aucun décès consécutif à un empoisonnement directement lié aux déclarations du président américain, ce n'était pourtant pas le cas, il y a tout juste un mois, après qu'il avait prononcé un autre discours exhalté à propos de l'hydroxychloroquine, un antipaludéen controversé.

Le 23 mars dernier, un habitant de l'Arizona était ainsi décédé, après avoir avalé un nettoyant pour aquarium contenant du phosphate de chloroquine. Sa femme, elle, avait été hospitalisée. Le couple en avait eu l'idée d'ingérer cette substance après avoir entendu un discours de Donald Trump en vantant les mérites supposés.

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