Paludisme : une mutation inquiète les chercheurs

Les scientifiques s'inquiètent d'une mutation du paludisme depuis plusieurs années déjà. Observée d'abord au Cambodge en 2008, elle pourrait, selon de récentes recherches, être également active en Afrique. Plus inquiétant, elle serait résistante aux traitements.

Le continent africain est particulièrement touché par le paludisme. Selon les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 94% des 229 millions de cas annuels sont enregistrés en Afrique, de même que la majorité des décès. En 2019, cette maladie a fait plus de 400.000 morts dans le monde. Parmi eux, les deux tiers sont des enfants de moins de 5 ans.

C'est justement lors d'une étude réalisée auprès de 224 enfants rwandais âgés de 6 mois à 5 ans que des chercheurs ont détecté une «élimination parasitaire retardée». Cela signifie qu'une persistance du parasite responsable de la maladie a été constatée après trois jours de traitement pour 15% des sujets. Cette première «preuve clinique» de l'impact de mutations du paludisme en Afrique a fait l'objet d'une publication dans The Lancet Infectious Diseases, le jeudi 14 avril.

En Asie du Sud-Est, le phénomène avait été identifié après la détection de plusieurs cas de résistance au principal médicament prescrit contre le paludisme : l'artémisinine. Combinée à un autre anti-paludéen (CTA/ACT), elle constitue le traitement le plus efficace à ce jour.

Pour l'heure, l'efficacité de ces médicaments reste élevée sur le continent africain mais les chercheurs préconisent une surveillance accrue au Rwanda et dans les pays voisins. Ils estiment que l'émergence de cette «résistance partielle à l'artémisinine en Afrique» constitue «un signal d'avertissement» à prendre au sérieux  pour éviter que «l'efficacité des CTA» soit compromise «si une résistance au médicament qui lui est associé émerge».