En direct
A suivre

Pérou : pourquoi une enquête pour «génocide» est-elle ouverte contre la présidente ?

De nombreux manifestants péruviens réclament le départ de la présidente Dina Boluarte De nombreux manifestants péruviens réclament le départ de la présidente Dina Boluarte. [CRIS BOURONCLE / AFP]

La pression s’accroît sur la présidente du Pérou Dina Boluarte et plusieurs hauts responsables péruviens, visés par une enquête pour «génocide» après les manifestations meurtrières en soutien à l’ancien président Pedro Castillo.

La crise au Pérou s’envenime et la nouvelle présidente Dina Boluarte risque gros. Depuis son arrivée au pouvoir, après la destitution et l’arrestation de Pedro Castillo, démis de ses fonctions après sa tentative de dissolution du Parlement, de très grandes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du Pérou, souvent réprimées dans la violence et le sang. Une partie de la population réclame en effet la démission de la présidente, et descend dans la rue depuis plus d'un mois. 

Ce mardi 10 janvier, le parquet péruvien a donc annoncé l’ouverture d’une enquête pour «génocide, homicide qualifié et blessures graves, commis pendant les manifestations des mois de décembre 2022 et janvier 2023 dans les régions d'Apurimac, La Libertad, Puno, Junin, Arequipa et Ayacucho», à l’encontre de Dina Boluarte, mais également du président du Conseil des ministres Alberto Otarola, du ministre de l'Intérieur Victor Rojas et du ministre de la Défense Jorge Chavez.

Lundi, 17 personnes ont été tuées à Juliaca, dans la région de Puno au sud du Pérou, lors d’affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre, touchés par des balles de la police. Un agent des forces de l’ordre est également décédé, enfermé dans une voiture incendiée par les manifestants. Les policiers auraient ouvert le feu après que les manifestants ont tenté d’occuper l’aéroport de Juliaca. Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis le début des manifestations.

Au moins 40 morts 

La région de Puno, frontalière avec la Bolivie, abrite de nombreux indigènes Aymaras, peuple originaire de la région du lac Titicaca. Elle est l’épicentre des protestations dans le pays, et une grève illimitée y a lieu depuis le 4 janvier. Il s'agit également du point de départ d'une grande marche organisée par plusieurs collectifs de citoyens et de paysans, dont l'arrivée dans la capitale Lima est prévue aux environs du 12 janvier.

Au total, au moins 40 personnes sont décédées depuis début décembre, et des centaines d’autres ont été blessées. L’objectif de l’enquête ouverte par le ministère public est donc de déterminer la responsabilité de ces hauts fonctionnaires dans la mort de plusieurs dizaines de manifestants depuis début décembre. Ils risquent plus de 20 ans de prison en cas d'inculpation. 

De nombreuses ONG ont vivement critiqué la répression du gouvernement face aux protestations. «La nouvelle présidente, Dina Boluarte, doit mettre fin au recours excessif à la force contre des manifestants et utiliser toutes les ressources disponibles afin de protéger la vie et l’intégrité des personnes blessées», a déclaré Amnesty International. Le Bureau des droits de l'Homme de l'ONU s'est aussi dit «très préoccupé» par la montée de la violence au Pérou. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités