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Brésil : un an après les attaques contre les institutions, où en est l’enquête ?

Les émeutiers du 8 janvier avaient pris d'assaut le Congrès, la Cour suprême et le Palais présidentiel Les émeutiers du 8 janvier avaient pris d'assaut le Congrès, la Cour suprême et le Palais présidentiel [SERGIO LIMA / AFP]

Il y a un an, des centaines de militants pro-Bolsonaro envahissaient les principales institutions du Brésil pour protester contre l’arrivée au pouvoir du président de gauche Lula. Aujourd’hui, l’enquête est toujours en cours et plusieurs personnes ont déjà été condamnées.

Les faits ont été comparés à l’assaut du Capitole aux États-Unis de 2021, avant la prise de pouvoir de Joe Biden. Il y a tout juste un an, le Brésil connaissait un épisode similaire, lorsque des centaines de manifestants pro-Bolsonaro ont envahi trois lieux symboliques du pouvoir et de la démocratie brésilienne : la Cour suprême, le Congrès et le Palais présidentiel. Les manifestants avaient forcé les entrées des trois bâtiments, et avaient causé de nombreux dégâts à l’intérieur, allant jusqu’à saccager des œuvres d’art. 

Cette attaque de la Place des Trois pouvoirs est le point de départ d’une enquête tentaculaire, pour identifier les participants et les cerveaux de ce qui semble être un coup d’État raté. 

La police fédérale brésilienne a lancé l’opération «Lesa Patria» au lendemain des faits, la plus importante depuis l’opération «Lava Jato» qui avait mené à l’incarcération de Lula en 2018. L’enquête a pour but d’identifier à la fois les participants, mais également les cerveaux, les personnes ayant financé l’attaque et les membres de l’administration publique qui étaient complices.  

Déjà 30 personnes condamnées

Au total, plus de 2.100 personnes ont été arrêtées pour leur participation, active ou passive, aux attaques du 8 janvier, et 1.340 procédures judiciaires ont été engagées contre les personnes ayant pris part aux actes de violences ou ayant participé à l’organisation des attaques. Les personnes poursuivies sont principalement accusées d’association criminelle armée, tentative de coup d’État, abolition violente de l'État de droit démocratique, dommages et menaces contre des biens fédéraux. 

Les dommages matériels dans le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Congrès, qui abrite le Sénat et la Chambre des députés, ont été chiffrés à plus de 16 millions de reais, soit environ trois millions d’euros. Cette somme n’est d’ailleurs pas totalement exacte, puisque plusieurs institutions n’ont pas réussi à chiffrer en détails tous les dommages, entre le coût des restaurations et ceux des objets et œuvres d’art volés. 

Pendant l’année 2023, trente personnes ont été condamnées pour leur participation au 8 janvier. La peine la plus lourde, 17 ans de prison, a été prononcée à l’encontre d’un homme de 52 ans arrêté en flagrant délit à l’intérieur du Palais présidentiel. 

La justice a également scellé une quarantaine d’accords de non-poursuite avec des personnes accusées, qui ont donc totalement reconnu les faits et n’ont été condamnées qu’à des amendes et des heures de travaux d’intérêt général ou à des «cours de démocratie». Selon les projections de CNN Brésil, près de 200 procès doivent avoir lieu d’ici au mois d’avril dans le cadre de ce dossier. 

La responsabilité de Jair Bolsonaro étudiée

Cette affaire d’ampleur est également inédite en raison de l’implication supposée de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Ce dernier a été déclaré inéligible pour huit ans en juin dernier, et est toujours sous le coup d’une enquête de la Cour suprême, suspecté d’avoir fomenté une tentative de coup d’État. S’il se trouvait aux États-Unis le 8 janvier 2023, et a toujours nié toute implication dans ces événements, un juge de la Cour suprême a estimé cette semaine que le gouvernement de Jair Bolsonaro «encourageait un certain type d'anarchie, notamment parmi les forces policières», et sa «responsabilité politique» était indiscutable. 

Pendant la campagne pour la présidentielle de 2022, Jair Bolsonaro n’a eu de cesse de remettre en question la fiabilité du système électoral brésilien, et a refusé pendant de nombreuses semaines de reconnaître sa défaite après l’élection de Lula.

Ce dernier, au pouvoir depuis un an, doit par ailleurs donner un discours ce lundi devant le Parlement brésilien pour «rappeler la tentative de coup d'Etat». Son gouvernement a également confirmé la semaine dernière l’emplacement du futur musée de la Démocratie, qui devrait voir le jour en 2025, tout prêt de la Place des Trois pouvoirs. 

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