Les avocats de l'armurière du film «Rust», poursuivie pour homicide involontaire, ont pointé du doigt jeudi la responsabilité de l'acteur et producteur Alec Baldwin, qui tenait l'arme au moment du tir.
Les premiers arguments ont été prononcés dans la matinée au procès à Santé Fe (Nouveau-Mexique) d'Hannah Gutierrez-Reed, chargée de la gestion des armes sur le tournage du film «Rust». Et les avocats de l'armurière du film ont pointé du doigt la responsabilité d'Alec Baldwin, qui tenait l'arme au moment du drame.
En octobre 2021, le tournage du western avait viré au drame dans un ranch du Nouveau-Mexique. Alec Baldwin avait pointé un revolver censé ne contenir que des balles à blanc, mais dont un projectile bien réel avait tué la directrice de la photographie Halyna Hutchins et blessé le réalisateur Joel Souza.
«vous allez entendre qu'il a enfreint certaines des règles »
Et si l'acteur doit être jugé ultérieurement, son nom a été rapidement mentionné par la défense de l'armurière au cours des premiers arguments, jeudi. «M. Balwin, l'un des principaux producteurs, acteur principal du film, contrôlait dans les faits le tournage», a déclaré Jason Bowles, avocat d'Hannah Gutierrez-Reed.
Mais l'avocat de l'armurière ne s'est pas arrêté là. «Vous allez entendre (au cours du procès) qu'il a enfreint certaines des règles les plus basiques en matière de sécurité des armes», a-t-il lancé, avant de continuer sa charge contre Alec Baldwin. «C'est lui qui les a enfreintes. Ce n'était pas Mlle Gutierrez-Reed.»
L'armurière décrite comme «négligente et non professionnelle»
Les éléments apportés au dossier «montreront que l'accusée a traité les protocoles de sécurité comme s'ils étaient facultatifs, plutôt que comme si la vie de certains dépendait du fait qu'elle effectue son travail correctement», a déclaré de son côté le procureur Jason Lewis.
L'une des questions au coeur du procès, qui doit durer deux semaines, sera de déterminer comment une vraie balle a-t-elle pu se retrouver dans le revolver tenu par Alec Baldwin.
Les procureurs ont montré une photo d'Hannah Gutierrez-Reed, dont ils affirment qu'elle montre une balle réelle posée sur ses genoux, plus d'une semaine avant le drame. «Cela démontre que la balle réelle n'aurait pas pu être fournie par quelqu'un d'autre que Mlle Gutierrez», a déclaré Jason Lewis.
Mais l'avocat de la plaignante a contesté cet élément, arguant du fait qu'il est impossible de distinguer une balle réelle d'une balle à blanc sur la simple base d'une photo. Il pointe également du doigt les failles dans les preuves récoltées par les enquêteurs et a affirmé que les producteurs voulaient faire d'Hannah Gutierrez-Reed un «bouc-émissaire».
Des pressions de la production par avarice ?
Sa cliente était chargée selon l'avocat de deux tâches sur le tournage du film, à la fois armurière et assistante accessoiriste. «Elle avait du s'atteler à rouler des cigarettes de cowboy plutôt que d'être autorisée à consacrer du temps sur la sécurité en matière de maniement des armes», a-t-il déclaré.
Disposer d'une «armurière à temps partiel» sur un film avec tant d'armes était une «idée déplorable, mais c'est ce qu'ils ont fait», a estimé Jason Bowles. L'avocat a également dénoncé les pressions mises selon lui par la production pour faire vite, par avarice.
Comme Alec Baldwin, l'armurière de 26 ans est poursuivie pour homicide involontaire, un crime passible de 18 mois d'emprisonnement.