A cinq jours du second tour, et à la veille du débat télévisé entre les finalistes de la présidentielle, le 1er mai a pris un tour très politique, entre le traditionnel défilé syndical, quatre fois plus fréquenté à Paris qu'en 2011, et le meeting organisé par Nicolas Sarkozy place du Trocadéro, présenté aussi comme un succès populaire.
FAIT DU JOUR
Le 1er mai s'est transformé en un bras-de-fer entre les syndicats, mobilisant des dizaines de milliers de salariés, et Nicolas Sarkozy qui les a sommés de "poser le drapeau rouge", tandis que François Hollande, depuis Nevers, mettait en garde son rival contre toute "bataille" visant les syndicats.
"C'est la première fois qu'un président de la République cherche à s'emparer du 1er mai", a fustigé le leader de la CGT Bernard Thibault, au départ du défilé parisien.
Sur la place du Trocadéro noire de monde, Nicolas Sarkozy a revendiqué le droit de manifester un 1er mai sous les "drapeaux tricolores".
Il a exhorté les syndicats: "Posez le drapeau rouge et servez la France!". "Votre rôle n'est pas de défendre une idéologie".
Depuis Nevers où il a rendu hommage à l'ancien syndicaliste et Premier ministre Pierre Bérégovoy, François Hollande a lancé un avertissement: "La fête du travail c'est la fête des syndicalistes et je ne peux pas accepter qu'il puisse y avoir ici en France une bataille le 1er mai contre le syndicalisme".
De son côté, Marine Le Pen avait réuni dans la matinée ses fidèles pour le désormais traditionnel défilé frontiste. Sans surprise, elle leur a annoncé qu'elle "votera blanc" le 6 mai, et "bleu marine" aux législatives.
LES PHRASES DU JOUR
- "Aller rue Saint-Denis festoyer avec Dominique Strauss-Kahn, tout l'état-major de François Hollande, dans un restaurant qui s'appelle +J'ose+ (...) je me demande si les gens réfléchissent" (Nicolas Sarkozy au sujet de la soirée d'anniversaire de Julien Dray)
- "Il n'y a plus d'élection présidentielle, elle s'est terminée ce 22 avril, (...) nous assistons maintenant à un concours de recrutement, à un entretien d'embauche pour engager un directeur des opérations de la BCE sous tutelle du FMI" (Marine Le Pen renvoyant une nouvelle fois dos à dos Nicolas Sarkozy et François Hollande accusés d'être sous domination européenne)
- "Tout le monde sait que je connais Jean-Marie Le Pen et il est certain que ce dernier n'a jamais pu résister au plaisir des provocations. Sa fille ne souffre pas de ce handicap (...) Il sera désormais possible de parler de sujets difficiles avec un interlocuteur qui n'est pas bienveillant mais qui, au moins, n'est pas disqualifié" (Gérard Longuet dans un entretien à paraître mercredi dans Minute)
LE SONDAGE DU JOUR
Près de deux Français sur trois (65%) considèrent que Nicolas Sarkozy est "plus capable d'avoir de l'influence au niveau européen", et 27% François Hollande, selon un sondage CSA. Un écart "en partie à mettre sur le compte du statut actuel de Nicolas Sarkozy qui a déjà eu l'occasion de faire preuve de ses capacités à agir au niveau européen, à la différence de François Hollande", explique l'institut.
LES COULISSES
Près de 1.500 policiers ont été déployés dans Paris pour assurer la sécurité d'un 1er mai particulier.
Le deuxième clip de campagne de Nicolas Sarkozy qui met en avant la nécessité notamment de protéger les frontières et de réguler l'immigration, est suivi, sur le site d'un grand hebdomadaire qui le présente, d'une publicité pour une entreprise de logistique dont le slogan est "oubliez les frontières".
LE BUZZ
Après que Nicolas Sarkozy s'est félicité des "200.000" personnes présentes sur la place de Trocadéro, la guerre du chiffrage, déjà lancée avant le premier tour entre Nicolas Sarkozy place de la Concorde et François Hollande sur l'Esplanade du Château de Vincennes, a repris sur Twitter.
Alors que les militants UMP se félicitaient de ce chiffre, les militants PS estimaient qu'entre 30.000 et 50.000 personnes "grand maximum" étaient présentes, en prenant en compte la superficie de la place et le nombre de personnes au mètre carré.
La police ne sera pas juge de paix dans ce débat: la préfecture de police avait indiqué lundi qu'il n'y aurait pas de comptage "car nous sommes dans le cadre d'une élection présidentielle".