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Sacre de Mary Pierce à Roland-Garros 2000 : «Mon rêve qui devenait réalité»

Mary Pierce est la dernière française à avoir remporté Roland-Garros. Mary Pierce est la dernière française à avoir remporté Roland-Garros. [JACQUES DEMARTHON / AFP]

Aujourd'hui, c'est les 20 ans du sacre de Mary Pierce (le 10 juin 2000) qui devenait la dernière Française à remporter Roland-Garros. Installée en Floride, où elle profite de sa famille et du confinement, la jeune retraitée (45 ans) se rappelle de son parcours exceptionnel lors duquel «une petite voix» l’a aidée.

Comment allez-vous en cette période de crise sanitaire ?

Tout va bien. Je suis heureuse d’être chez moi en Floride. Je suis surtout contente de ne pas voyager. Ca me laisse beaucoup de temps à passer avec le Seigneur, pour prier tranquillement, passer du temps avec ma famille. C’est un bon moment pour faire ce que l’on ne pouvait pas faire avant.

Ca vous fait du bien de ne plus faire le tour du monde ?

Toute ma vie, on a voyagé. Même avant le tennis, le plus longtemps où j’ai vécu quelque part, c’était trois ans. Changer d’hôtel, de ville, être loin des proches… on se sent souvent seul quand on est dans le tennis. C’est vrai qu’il y a des côtés extraordinaires, j’ai découvert des choses géniales. Maintenant, ça me plaît de rester chez moi, d’entraîner un peu. Peut-être partir sur quelques tournois mais pas trop.

C’est une sensation étrange de ne pas voir Roland-Garros à cette période d’ailleurs ?

C’est triste qu’il n’y ait pas Roland, ça me manque, ça manque à tout le monde. C’est un grand événement mondial et sportif mais on ne peut rien faire. Le plus important, c’est la santé. On espère que le circuit reprendra le plus tôt possible mais en même temps le plus sagement possible.

Le public, c'est ce qui fait la magie du tennisMary Pierce

Vous pensez que la saison reprendra ?

Je pense que les instances regardent d’abord comment le déconfinement se déroule sur la planète. Il y aura des matchs exhibitions dans un premier temps, au niveau local. Comme Novak Djokovic a prévu de le faire. Ca va reprendre doucement et après on verra comment les choses avanceront. En espérant que Roland-Garros, fin septembre, pourra se dérouler avec un peu de public. Ce serait très difficile de jouer sans public. Le public, c’est ce qui fait la magie du tennis aussi. Peut-être réduire à moitié l’accueil du public. Comme ça tout le monde est content. Sans oublier que les joueuses et les joueurs ont besoin de reprendre leur «travail» pour gagner leur vie, pour payer leur loyer etc. Hormis quelques joueurs, les autres ne gagnent pas beaucoup d’argent.

Il y a donc 20 ans, vous remportiez Roland-Garros. Quel est le premier souvenir que vous avez ?

Le moment où je soulève le trophée. C’était fort. C’était mon rêve qui devenait réalité. J’ai remercié le Seigneur, mon équipe. Le public criait de joie, c’était puissant et incroyable.

Vous aviez eu un véritable parcours de championne…

Monica Seles en quarts, que je n’arrivais pas toujours à battre et contre qui je réalise le coup de ma carrière. Puis Martina Hingis avec un match énorme. Puis Conchita Martinez, en confiance, joueuse de terre battue. Il fallait bien jouer, être intelligente sur chaque point. C’était mon année.

Vous l’avez senti à un moment dans le tournoi que ce Roland-Garros était pour vous ?

A la fin du premier tour, il y a comme une petite voix dans mon cœur qui me dit «c’est peut-être ton année». Je n’ai rien dit à personne et j’ai continué mon petit bout de chemin. Je n’ai jamais ressenti ça dans ma carrière.

Est-ce le plus beau titre de votre carrière (ornée de 18 titres dont un Open d'Australie) ?

Oui à 100%. C’était mon rêve. J’ai toujours rêvé de jouer à Roland-Garros puis de le gagner. En tant que Française, on le vit d’une manière extraordinaire. On le partage avec le public. Ce n’était pas juste Mary sur le terrain. Quand j’entrais sur le court, je sentais le public avec moi. Il m’a beaucoup aidé.

Pourquoi aucune Française ne vous a encore succédée ?

Je ne sais pas… c’est compliqué. On a Kristina (Mladenovic) qui a montré qu’elle pouvait être au niveau des meilleures mais pas assez régulièrement. Caroline Garcia aussi. Ce sont deux filles que j’aime beaucoup. Mais quand on arrive à Roland-Garros, c’est tout autre chose. Les filles ont du mal à gérer mentalement et à jouer leur meilleur tennis pendant deux semaines. Pour le moment, je ne vois personne.

Quel est ce mental à avoir pour triompher ?

Il faut se battre, aller chercher les victoires dans les tripes. Le très haut niveau, ça se joue à des petites choses qui font des grandes différences. Tout le monde joue bien sur le circuit mais celui qui gagnera sera celui qui gérera ses émotions, la pression. Moi j’adorais jouer avec la pression et m’appuyer dessus.

Votre foi vous a beaucoup aidée ?

Exactement. Je suis devenue chrétienne en mars 2000 juste avant Roland-Garros et ça m’a complètement transformée. Mon cœur était guéri, j’ai pu pardonner mon père. Notre relation a été restaurée. Et, j’ai retrouvé cette paix dont j’étais à la recherche et un but pour ma vie. Je n’avais pas besoin de m’inquiéter car Dieu était en contrôle et je n’avais pas besoin de m’inquiéter du reste.

En Afrique, il y a beaucoup de potentielMary Pierce

Que pensez-vous du niveau du circuit WTA actuellement ?

C’est différent de l’époque où je jouais. Il y avait des personnalités qui s’exprimaient. Le jeu aujourd’hui c’est beaucoup du fond de court. Avant, on montait plus au filet. Il y a pas mal de joueuses qui jouent bien mais qui ne sont pas régulières. (Naomi) Osaka je l’aime beaucoup mais j’ai l’impression qu’elle ne gère pas la notoriété. Il n’y a pas une fille ou deux qui sort du lot, à part Serena (Williams) évidemment. Toutes les semaines on ne sait pas qui va gagner.

Cela vous intéresserait d’entraîner et d’emmener quelqu’un au plus haut niveau ?

Oui j’aimerai bien avoir un rôle de mentor. Pas entraîneur tous les jours et voyager sur tous les tournois mais avoir un centre d’entraînements où j’ai plusieurs joueurs/joueuses pour donner mon avis, mes conseils. Aider les joueurs, les joueuses à devenir meilleurs. Pas que sur la partie technique mais sur tout le reste (mentalement, etc). Et pourquoi pas aider une joueuse, une jeune qui a du potentiel, a gagné un Grand Chelem. Et à arriver au plus haut niveau.

Vous êtes également très impliquée en Afrique…

Quand je suis devenue chrétienne, c’est comme si j’avais ressenti que le Seigneur avait mis l’Afrique dans mon cœur. Et j’avais envie d’y aller et de faire des œuvres humanitaires. J’ai envie d’aider et d’y faire des projets. Je suis en réflexion de voir ce que je peux faire et comment. Je pense qu’en Afrique, il y a beaucoup de potentiel. J’ai envie de donner une opportunité aux enfants, aux jeunes, parce qu’il y a sûrement des champions. Ils n’ont pas la possibilité de jouer au tennis alors on va tout faire pour. Regardez Yannick Noah qui a été découvert par Arthur Ashe (à Youndé en 1972).

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