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#MeToo : une application pour dénoncer ses collègues enflamme la Corée du Sud

Suite à une récente vague de plaintes concernant le harcèlement sexuel au travail, l'application Blind a ajouté une nouvelle fonctionnalité dans la lignée du mouvement #MeToo. Photo d'illustration.[JONATHAN NACKSTRAND / AFP]

Une application sur laquelle les Sud-Coréens peuvent dénoncer anonymement leur patron et leurs collègues, relançant tardivement le mouvement #MeToo dans le pays, jette un nouvel éclairage sur le harcèlement sexuel dans la culture d'entreprise dominée par les hommes.

Une procureure Sud-Coréenne avait déclaré que son patron l'avait touchée lors d'un enterrement en 2010, et le Bureau du Procureur suprême a ouvert une enquête sur ces allégations. L'enquête est en cours mais le Procureur général a promis de prendre des mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.«Nous pensions que la libération de la parole de la procureure allait donner un nouvel élan au mouvement #MeToo en Corée du Sud», a déclaré Kim Sungkyum, co-fondateur de l'application Blind. 

La peur des représailles

Les Coréens craignent de dénoncer le harcèlement au sein de conglomérats familiaux qui dominent les affaires sud-coréennes. Quelque 61% des Sud-Coréens travaillant dans des entreprises privées ont déclaré qu'ils ne tiendraient pas compte des lignes d'alerte internes, déclarant qu'ils ne faisaient pas confiance à leur organisation pour garder les plaintes confidentielles, selon un sondage du cabinet de conseil EY relayé par Reuters. Un chiffre nettement plus élevé que la moyenne de l'Asie-Pacifique à 37%.

«Les employés sont réticents à utiliser des notes internes par crainte de représailles, ce qui fait partie de la culture d'entreprise de notre pays», a déclaré un banquier d'une banque publique sud-coréenne qui utilise l'application. «Je pense que Blind peut rendre les gens plus libres, ce qui ne peut pas être contrôlé par leurs entreprises.»

Les Sud-Coréens se tournent donc vers Blind, qui compte maintenant plus d'un million d'utilisateurs dans le pays le plus connecté du monde.

En moins de 24 heures après le lancement du tableau #MeToo sur Blind, plus de 500 messages ont été téléchargés, ce qui rend l'application indisponible par intermittence en raison du trafic important, explique l'opérateur de l'application.

Les données personnelles codées

Jeudi, le nombre de témoignages avait ainsi grossi de plus de 1.600 posts, suscitant des conversations sur l'inconduite sexuelle dans le milieu du travail, allant de blagues sexistes à des avances déplacées. Blind indique qu'il code les données personnelles et les informations pour protéger la vie privée des utilisateurs, et ces derniers doivent utiliser l'adresse e-mail de leur entreprise pour la vérification.

Lorsque l'application est apparue pour la première fois il y a quatre ans, plusieurs entreprises ont demandé à Blind de supprimer des publications susceptibles de nuire à leur réputation. Blind dit qu'il a supprimé certaines publications qui violaient ses conditions d'utilisation, y compris la publication de déclarations qui pourraient être diffamatoires ou violer la vie privée des individus.

Globalement, le mouvement #MeToo a exposé des hommes accusés d'agression sexuelle et de harcèlement dans des domaines tels que le divertissement, la politique et les affaires. Des dizaines d'hommes éminents ont démissionné ou ont été renvoyés de postes importants, et la police a ouvert des enquêtes sur certaines accusations d'agression sexuelle, rappelle Reuters.

Mais ce mouvement a été plus lent à s'imposer en Corée du Sud, qui s'est classée 118ème sur 144 sur l'égalité des sexes l'année dernière, selon le Forum économique mondial.

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