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Yvan Colonna : les conclusions de l'enquête parlementaire sur sa mort attendues ce mardi

La mort d'Yvan Colonna avait provoqué émotion et colère en Corse, donnant lieu à des manifestations parfois violentes sur l'île. [Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP]

Plus d'un an après le décès d'Yvan Colonna, mortellement agressé à la prison d'Arles en mars 2022, la commission parlementaire qui a enquêté sur les faits doit présenter ses conclusions ce mardi 30 mai.

Après avoir entendu 71 personnes au cours de 37 auditions, la commission d'enquête parlementaire concernant la mort d'Yvan Colonna à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) doit rendre son rapport ce mardi 30 mai. Elle s'est notamment intéressée au traitement carcéral de Franck Elong Abé, le détenu qui a violemment agressé le militant indépendantiste corse en mars 2022.

Une conférence de presse est prévue à l'Assemblée ce mardi à 17h, menée par le président de la commission, Jean-Félix Acquaviva (député Liot de la Haute-Corse), et le rapporteur Laurent Marcangeli (député de la Corse-du-Sud, Horizons).

Le rapport devrait pointer une série de défaillances ayant conduit à l'agression d'Yvan Colonna, le 2 mars 2022, alors qu'il purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998. Il avait été violemment agressé dans la salle de sport de la prison d'Arles par Franck Elong Abé, un homme radicalisé de 36 ans condamné notamment dans un dossier terroriste. Yvan Colonna, 61 ans, avait succombé à ses blessures trois semaines plus tard.

La commission d'enquête avait pour mission d'interroger les circonstances de cette agression mortelle. Les raisons du maintien du statut de «détenu particulièrement signalé» (DPS) d'Yvan Colonna et du placement de l'agresseur en détention ordinaire sont notamment au coeur du dossier. Il s'agit aussi de comprendre comment les deux prisonniers ont pu se retrouver seul à seul pendant 15 minutes.

L'agression a en outre duré près de huit minutes, sous le regard d'une caméra de surveillance, sans déclencher l'intervention d'un surveillant. L'agresseur avait lui-même alerté les gardiens, prétendant qu'Yvan Colonna avait «fait un malaise».

Le profil inquiétant de l'agresseur

Les auditions des chefs du parquet antiterroriste, de l'administration pénitentiaire et du renseignement pénitentiaire ont mis en lumière le profil inquiétant de Franck Elong Abé, avant et pendant sa détention. Classé DPS lui aussi, il était connu pour être parti combattre auprès de talibans en Afghanistan au début des années 2010 et avait multiplié les incidents en prison.

Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard avait d'ailleurs expliqué que la «dangerosité» de ce détenu classé «terroriste islamiste» était tellement «avérée» par «son passé et son comportement en détention» qu'il n'avait pas été jugé utile, en 2019, de l'admettre en quartier d'évaluation de la radicalisation (QER).

Selon l'ex-directrice de la prison d'Arles, Corinne Puglierini, l'évaluation de Franck Elong Abé au QER n'était simplement pas possible en raison de ses troubles psychiatriques. Pourtant, un poste convoité d'«auxiliaire», pour faire le ménage dans les salles de sport de la prison, lui avait été accordé fin 2021.

Un choix «politique»

Corinne Puglierini estime que l'évolution positive observée chez le détenu avait justifié cette décision mais la commission d'enquête, elle, souligne une étonnante «mansuétude», «aux antipodes» du traitement carcéral «excessivement rigoureux» d'Yvan Colonna.

Au moment de sa mort, le militant indépendantiste corse demandait depuis des années, en vain, la levée de son statut DPS afin d'être transféré vers une prison corse. Le même refus était imposé à Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, également condamnés à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac. Leurs familles respectives dénonçaient alors un choix purement «politique».

Or, quelques jours seulement après l'agression d'Yvan Colonna, le statut DPS de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi a finalement été levé. Ils ont été rapidement transférés dans une prison corse et ont même obtenu une semi-liberté début 2023.

Un premier rapport rendu en décembre par l'Inspection générale de la Justice (IGJ) avait entraîné des poursuites disciplinaires contre la directrice et un surveillant. Le document avait insisté sur le manque de moyens, notamment humains, mais aussi sur le manque de formation à la vidéosurveillance des gardiens.

Les motivations de l'agresseur font quant à elle l'objet d'une enquête judiciaire. Franck Elong Abé est en effet mis en examen pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste». Auprès des enquêteurs, il avait reproché à Yvan Colonna d'avoir proféré des «blasphèmes».

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