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Thaïlande : un Américain condamné pour lèse-majesté libéré

J. Wichai Commart Gordon, un Américain condamné pour lèse-majesté en Thaïlande, au tribunal de Bangkok, le 8 décembre 2011[AFP/Archives]

Un Américain d'origine thaïlandaise, condamné en décembre dernier à Bangkok à trente mois de prison pour insulte à la monarchie, a bénéficié d'une grâce royale et a été libéré, a-t-on appris mercredi de sources officielles.

Joe Wichai Commart Gordon avait été arrêté en mai 2011 alors qu'il était en vacances en Thaïlande. Il était accusé d'avoir, depuis les Etats-Unis, traduit en thaï une biographie interdite du roi avant de la poster sur son site.

"Une grâce royale lui a été accordée", a indiqué à l'AFP un cadre de l'administration pénitentiaire. Un responsable de la prison de Bangkok a confirmé qu'il avait été libéré mardi en fin de journée.

Gordon, vendeur de voitures dans le Colorado, avait plaidé coupable, ce qui lui avait permis de voir sa peine initiale de cinq ans de détention diminuée de moitié. Il a été pris en charge par l'ambassade américaine.

"Nous demandons régulièrement aux autorités thaïlandaises, publiquement et en privé, de s'assurer que la liberté d'expression est protégée en accord avec leurs obligations internationales", a indiqué à l'AFP le porte-parole de l'ambassade, Walter Braunohler.

Cette libération intervient deux jours avant une rencontre au Cambodge entre la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et la Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra.

La famille royale n'a aucun rôle politique officiel en Thaïlande, mais elle demeure un sujet extrêmement sensible. Le roi Bhumibol Adulyadej, 84 ans, jouit auprès de certains de ses sujets d'un statut de demi-dieu et son image est protégée par une des lois les plus sévères du monde.

L'ensemble de l'arsenal législatif utilisé contre le crime de lèse-majesté, dont le "computer act" qui a valu à l'Américain d'être condamné, fait pourtant l'objet d'un débat de plus en plus ouvert.

De nombreux militants dénoncent une volonté de museler toute critique du système politique. Et la querelle est devenue brûlante, voire agressive, entre ceux qui veulent maintenir la législation en l'état et ceux qui dénoncent un outil liberticide.

Les poursuites et condamnations pour lèse-majesté se sont multipliées depuis le coup d'Etat militaire de 2006 contre le Premier ministre de l'époque Thaksin Shinawatra, aujourd'hui en exil et considéré par les élites de Bangkok comme un danger pour la monarchie.

Mais les contempteurs de la loi dénoncent le fait que sa soeur, qui a gagné les élections de juillet dernier, n'a pas amélioré la situation.

Plusieurs autres détenus condamnés pour lèse-majesté ont demandé une grâce royale, mais seul ce cas a été approuvé pour l'instant, a indiqué à l'AFP Anon Mumpa, avocat de Joe Gordon.

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