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Equateur : 116 morts dans des affrontements entre gangs dans une prison

Les prisons équatoriennes sont des lieux de règlements de compte.[Fernando MENDEZ / AFP]

De gigantesques affrontements entre gangs rivaux dans une prison en Equateur, faisant 116 morts, ont poussé le président Guillermo Lasso à décréter «l’état d’exception» dans tous les établissements pénitentiaires du pays.

Depuis des mois, les prisons équatoriennes sont le théâtre de violences incessantes entre groupes criminels liés au trafic de drogue. «Les bilans nous disent qu'il y a 116 morts et près de 80 blessés. Tous sont des détenus», a déclaré le président équatorien lors d'une conférence de presse à Guayaquil (sud-ouest du pays).

C’est dans cette ville que les derniers affrontements sanglants ont eu lieu. «A Gayaquil, je présiderai le comité de sécurité chargé de coordonner les actions nécessaires pour contrôler l'urgence, en garantissant les droits humains de toutes les personnes impliquées», a-t-il réagi.

Des «impacts de projectiles d'armes à feu et d'éclats de grenades»

Depuis le mois de juillet et la mort d’une vingtaine de détenus, les prisons se trouvent en état d’urgence. Le directeur de l’administration pénitentiaire a même été remplacé par un militaire. Selon le général Fausto Buenano, qui a dirigé les opérations pour reprendre le contrôle des bâtiments, les victimes portaient des «impacts de projectiles d'armes à feu et d'éclats de grenades», tandis qu'au moins six des prisonniers ont été décapités.

Mercredi, agents à cheval et militaires surveillaient l'extérieur du complexe, où des dizaines de personnes cherchaient des informations sur leurs proches emprisonnés.

Les cartels mexicains et la drogue derrière ces violences

Cette nouvelle émeute est la conséquence des rivalités meurtrières entre gangs de narcotrafiquants liés aux cartels mexicains de Sinaloa et Jalisco Nueva Generacion, expliquent les experts. La violence est devenue quasi-permanente dans les prisons du pays de 17,7 millions d'habitants, situé entre la Colombie et le Pérou, les principaux producteurs mondiaux de cocaïne, et utilisé comme zone de transit pour l'expédition vers les Etats-Unis et l'Europe.

«Il y a une crise carcérale depuis 2010, avec une moyenne de 25 homicides par an, mais elle s'est considérablement accélérée depuis 2017 jusqu'au pic de cette année», explique à l'AFP Fernando Carrion, expert en sécurité. Un tiers des détenus «provient d'organisations criminelles liées au trafic international de drogue», précise cet expert. Avant les violences de mardi, le nombre de détenus qui se sont entretués derrière les barreaux en Equateur depuis début 2021 s'élevait à 123, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) s'appuyant sur les chiffres officiels équatoriens.

Chaque année, quelque 3,5 milliards de dollars (3 milliards d’euros) sont blanchis en Equateur, avec des institutions largement touchées par la corruption. Près de 116 tonnes de drogues, principalement de la cocaïne, ont été saisies entre janvier et août 2021, contre un record de 128 tonnes pour toute l'année 2020.

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